Windbreaker / Brise vent
Hagia Sophia

2004
Lattes de bois de mélèze montée sur une structure métallique, pyrogravure
13 x 3 m
Entre Saales et la Grande Fosse, France
(commande publique)

Photographies: André CORFA / Klaus STÖBER


Sans titre / Paul Guérin / 2004
Le projet élaboré par Ilana Isehayek répond à un double souhait de la commune de Saales: celui de s’inscrire dans les opérations conçues autour de l’idée d’une Route du Bois et celui de commémorer tout autant la tempête de décembre 1999 que les efforts de solidarité et de travail mis en œuvre pour en restaurer les dommages. L’agencement orthogonal des paires de lattes de bois qui composent cette structure s’inspire de celle des panneaux d’un paravent mais aussi de celle d’un panneau de la réconciliation, présent dans le musée Oberlin à Waldersbach, localité proche de ce site. En effet, comme dans cet objet datant du XVIIIème siècle imaginé à des fins didactiques par le pasteur Oberlin, la disposition des lattes de bois provoque, selon la position relative du spectateur, un effet d’anamorphose qui dédouble la lecture de ce qui est inscrit à leur surface : les noms des quatre points cardinaux y seront sucessivement lisibles lorsque le promeneur se placera dans leurs directions exactes d’une part, des deux côtés de la ligne et d’autre part, à la bonne distance de chacune de ses extrémités. L’emplacement de cette oeuvre est donc particulièrement bien choisi car, situé sur la limite de l’Alsace et de la Lorraine, elle s’expose et en quelque sorte répond positivement à la pluralité des points de vue, des accès d’où on la découvre en même temps qu’elle offre aux randonneurs une insolite et très originale «rose des vents» pour leur orientation dans le paysage. Le titre volontairement bilingue de ce projet se justifie pleinement au regard du travail artistique d’Ilana Isehayek originaire du Canada et qui vit depuis 1989 en Alsace. Ses oeuvres entretiennent un dialogue entre les cultures et portent inscrites en chacune d’elles des traces d’un passé, d’un ailleurs, fictifs ou réels.

 

Windbreaker / Le brise-vent, d’Ilana Isehayek aux Quatre bornes / Paul Guérin / 2004
Plus d’une fois, les activités menées par le CEAAC ont suscité des réactions critiques parfois vives déplorant la violence faite à un espace naturel par l’installation d’une oeuvre d’art contemporain dont l’étrangeté formelle était jugée par certains perturbatrice de l’intégrité naturelle et familière du paysage. Le brise-vent / Windbreaker , de l’artiste d’origine canadienne, Ilana ISEHAYEK, mis en place au lieu-dit "Les quatre bornes" , près de Saales, présente au contraire la particularité de répondre en tant qu’oeuvre d’art à une catastrophe - celle-ci naturelle - qui détruisit à la fin de l’année 1999 une grande partie des forêts françaises et allemandes, exposées à un ouragan d’une violence jusqu’à ces derniers temps inhabituelle sous nos latitudes. (...)

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Sans titre / Paul Guérin / 2004
La question de l'orientation est en effet liée à la pensée (et à la pratique) du voyage, du mouvement et de l'espace qui depuis toujours anime le travail d'Ilana Isehayek. Les deux langues énonçant le titre sont en effet révélatrices de la biographie de l'artiste, de sa migration à travers plusieurs cultures. L'ajustage soigneux des lattes de bois du Brise-vent rappelle celui des coques de bateaux : ceux qu'elle a construits pour naviguer le long des côtes bretonnes, tout comme ceux plus petits, qu'elle insérait, renversés, dans ses premières peintures sur bois. Ici, il s'agira dans la réalité d'un paysage forestier de maintenir une stabilité exposée aux multiples mouvements et activités de la nature : pression du vent, infiltration de l'eau et du gel ou encore déformations du sol. (...)

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